"mais le rêve nous permet de nous raccrocher à cette vie scélérate, moi je rêve encore la vie même si je la vis désormais en rêve"
Alain Mabanckou - Verre Cassé
C'est rare d'écrire sur ce qui n'est pas hygiénique, de ce qui pue et qui colle. On observe la merde, la crasse, la rouille et l'indifférence en le transfigurant en beau, magique et inoubliable. Ce qui est inoubliable, c'est la pauvreté et cette quête chimérique du bonheur. Leurs yeux, c'est un tombeau plus resplendissant que la sculpture d'un pape, car c'est la vie. La vie est un coup de couteau à droite, une claque à gauche, la bouteille d'en haut et l'uppercut d'en bas. Ça bouge. Et c'est difficile de l'écrire.
Écrire, c'est figer l'émotion, ce transport là. Il faut savoir le refaire naître éternellement. C'est le boulot de l'écrivain. Le vrai. Celui qui sait dire vas-te-faire-foutre quand il faut et arrête-de-torcher-ton-nombril quand il ne faut pas. Celui qui regarde la merde et la fait sentir à ceux qui ne la voient que par le hublot de leur cuvette, celui qui touche la crasse et la colle sur ceux qui ne transpirent qu'au travers de leur déodorant, celui qui gratte la rouille et l'émiette sur ceux qui nettoient leur table avec un aspirateur, celui qui souligne l'indifférence et la fait naître chez ceux qui ne vivent que par le culte de la personnalité.
Être écrivain, c'est faire vivre. C'est pouvoir mourir et s'observer dans ses pages d'histoire.
Je n'ai pas la prétention d'être écrivain. Je veux juste trouver le mot juste. Juste celui qu'il faut pour me faire renaître.
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