20 mars 2008

Ni hilo you

"Ferme les yeux, ouvre la bouche"
Dicton populaire


C'est étrange cette sensation de se retrouver avec la seule envie d'être face à un stylo, une page vierge et des images. Juste l'envie de créer ces images par le crissement de la plume.
Habituellement, la page ex nihilo de Word sert de réceptacle à ces pulsions. Je n'en avais plus. Pourquoi aujourd'hui ? Aucune idée. L'ordinateur ne guide pas ma main. Il me formalise. Trop de bruit, trop de rien, trop de médiateur. Peur importe le support tant qu'il y a l'esprit. C'est vrai. Mais le contexte implique plus qu'une idée.

Aujourd'hui, je retrouve une fièvre. C'est à cause de la nuit. Ou du printemps.
Oui, c'est ça. Ce doit être à cause du printemps.

16 mars 2008

Elle me regarde avec sa fleur de lys

J'ai peur. C'est quand même étrange cette sensation qui m'a pris aux tripes. Pourtant, je m'y suis préparé, pourtant je n'ai jamais eu peur. Peut-être parce que je n'avais pas d'images à accrocher au mur de mes songes. Ce sont mes rêves et cette série documentaire qui m'ont fait naître une boule au creux de mon bide. J'irai dormir chez vous au Québec. Si j'avais vu venir la claque, j'aurai essayé de l'éviter.

Elle est légitime cette sensation.
Sûrement.

Montréal, ouvre moi les portes de ton université. Je n'arrive pas tout seul ! J'arrive avec la peur.

Tu ne la connais pas petite ? Sois sage et ferme les yeux... voilà...

13 mars 2008

Eux, ces sublimes

"I read once about a woman whose secret fantasy was to have an affair with an artist. She thought he would really see her. He would see every curve, every line, every indentation and love them because they were part of the beauty that made her unique"*.
Sean Willis - Cashback


Il y a certaines choses qui m’ont toujours profondément attristé : les handicapés mentaux et moteurs, ainsi que les « défigurés ». Une de mes amies peut témoigner de mon extrême sensibilité sur ces visages (elle se reconnaîtra). Car ce n’est pas le handicap qui me perce à nu, c’est le visage. Cet amas de peau sur plusieurs os, qui forme notre identité, notre humanité et notre place dans la société. Notre représentation.

Les handicapés moteurs sont ceux qui me troublent le moins. C’est derrière, rarement, le rire que je me cache pour éviter de sangloter. C’est la manière la plus commune de cacher un mal derrière son extrême. Certes, vous pouvez me rétorquer que c’est une mauvaise cachette car eux ressentent le rire, mais c’est un bien pour moi. Et je me choisis avant eux afin de ne pas me rompre un équilibre. Ce qui m’attriste, c’est une ruine de leur univers physique. Ne plus pouvoir faire ce qu’ils veulent, et ça se transfigure sur leur visage, et particulièrement, leur regard. Cependant, il demeure une certaine vanité ou un certain défi face à ce qu’ils nomment « leur différence ». Aujourd’hui, être handicapé moteur est quasiment rentré dans la norme. Surtout de part ce désir insatiable « d’être comme vous, pas moins ». Le regard de l’autre est moins « assassin » car l’handicap moteur est plus souvent exposé, ce qui le normalise.

Les « défigurés » arrivent bien après ce handicap. Leur regard est aussi défigurée que leur identité. Ils ont conscience du regard de l’autre, de la pitié, l’étonnement ou la surprise. Ils s’en rendent compte qu’ils ne sont plus comme les autres et qu’ils ont perdu une partie d’eux-mêmes. Cette partie, c’est leur identité. C’est l’autre qui les place dans la société et le miroir, c’est le regard de soi dans le reflet de l’autre. Ils me fendent le cœur. Pas de pitié, pas de bêtises, seulement le souffle coupé et les larmes au coin des yeux. Leur vie est sur une lame, je le sens. C’est comme se retrouver face au sublime, pas besoin de mots, pas besoin de crédit. On sait. Je sais.

Les handicapés mentaux me possèdent, me hantent. Mais ceux qui me touchent le plus sont les autistes. Pas tous ne me tordent le cœur, mais certains le font avec tant d’innocence, qu’ils font vaciller mes capteurs de sensibilités. Tout est brouillé, un rien me fait pleurer. Par exemple, je ne peux pas voir plus de 5min d’une émission traitant de ses maladies sans fondre en larme. C’est un besoin plutôt que la paralysie psychologique. C’est leur regard qui me trouble. Ce regard d’innocence mêlé de joie et de tristesse. Un océan du vide. Tout s’entremêle pour ne laisser qu’un chaos du développement psychologique. Ils sont des enfants déconstruits. Ils ne sont rien. Et pourtant tout. Un de leur regard me bouscule pour une journée entière. Il me hante. Comme leur silence enveloppe leur prison.

Ils m’ont toujours fait écrire.
Une source d’inspiration chaotique.
Mon empathie peut-être ou ma sensibilité me font entrapercevoir le sublime, sans pour autant qu’il me subjugue. Il me laisse simplement la photographie de leur vie sur un visage. Une peinture incroyable d'une vie qu'ils auraient aimé éviter.



*"Une fois, j'ai lu une histoire sur une femme qui désirait avoir secrètement une aventure avec un artiste. Elle pensait qu'il la verrait vraiment, qu'il verrait chaque courbe, chaque ligne, chaque creux. Et qu'ils les aimeraient parce qu'ils faisaient parti de cette beauté qui la rendait unique".
Sean Willis -Cashback

12 mars 2008

La bêtise est française

Hier, je regardais France 2, et plus particulièrement l'émission de Laurent Ruquier on a pas tout dit. Il y était invité un certain M. X, qui a porté plainte contre Carrefour après avoir croqué dans une saucisse et s'être cassé une dent sur un caillou. Il est défendu par M. Ludot. Ce même monsieur en charge du dossier glissant de Mme Nicole Borgnon, cette dernière avait glissé sur une frite (chaine de fast-food Quick) et s'était cassé les genoux. Elle avait porté plainte contre le restaurant.

Ce qui est effarouchant, sont les différentes Unes qui sévissent en assignant ce client de saucisse au même cas désespéré de Mme Frite. Dans un cas, c'est perdu d'avance car c'est d'une bêtise inconcevable, et si toutefois elle gagne le procès, elle perdra la face (ce qui est déjà fait, aux vues des photos), dans l'autre cas, c'est un consommateur lambda qui est victime et qui ferait rendre fou n'importe quel client d'une grande surface. Lorsqu'on trouve un poil dans une soupe, on est capable de faire un sketch dans un restaurant pour se la faire changer, mais dès que c'est une autre personne qui se pète une dent sur un caillou (d'ailleurs, c'est la place d'un caillou que d'être dans une saucisse), on le raille.
Dans le cas de Mme Frite, c'est le magasin qui est une victime d'une attaque inacceptable d'un système juridique "à la sauce US", de l'autre, c'est un consommateur qui est une victime ! Et toutes les Unes, comme Ruquier, lui demande d'un air moqueur "Si ce n'est pas trop abusé d'attaquer Carrefour" ou encore "C'est faire justice à l'américaine". Là, c'est scandaleux. Non, ce n'est pas une justice à l'américaine, c'est une attaque contre un géant de l'agroalimentaire qui a fait tomber un caillou (rien que ça) dans de la nourriture. C'est peut-être d'un ridicule affligeant, néanmoins il faut rendre publique cette aberration. Ce n'est pas en allant voir directement la grande surface pour faire un "constat à l'amiable" comme le disait Ruquier. Ce serait un rêve pour l'entreprise. M. X ne souhaite qu'un dédommagement pour sa dent (dans les 100€), et pour nous, agiter la lanterne sur un fait de société. Entre les cailloux et la rembal', on trouvera bientôt des doigts dans nos raclettes ?

La France a quand même quelques problèmes en ce moment. D'un côté elle contemple le Tsar dans une opulence manifeste, de l'autre elle incrimine une attaque en justice justifiée. Il n'y a pas d'analogie à faire entre Mme j'essaye-de-profiter-du-système (grâce à notre américanisation, qui se l'espère sera retenu si toutefois Obama est élu, dans l'utopie de Thomas More) et cet homme, par le fait qu'ils ont le même avocat. Ce sont deux affaires distinctes. On peut en rire à défaut d'en pleurer, mais l'incriminer, ça non !