29 janvier 2008

Règne d'une vie parallèle

Il y a un seul endroit où je n'existe plus. Un seul endroit où je suis heureux. Un seul endroit où je me sens capable d'exister : un terrain de paintball.

Ce n'est pas tant ce que ça représente : victoire, combat, défaite, douleur, joie. Non. C'est ici que je suis en confiance, c'est là qu'il n'y a qu'un règne : celui du coeur.

Quand le nom de votre équipe est appelé par tout ce qui peut être vocal sur une compétition, il n'y a rien de plus fort. Le silence me borde, je suis concentré, et pourtant bien loin de ce que mes pas foulent. Je marche comme un cosmonaute. Lorsque je mets mon masque, la confiance apparaît. Je n'existe plus dans un monde, j'évolue dans le mien.

Tout est sourd comme dans un ralenti hollywoodien. Je ne joue pas avec des identités, je joue avec des partenaires. Ils sont tout pour moi, autant que je suis un élément pour eux. Unis, solide. Mais c'est un détail au bonheur que je ressens. Celui d'être incroyablement seul, paradoxalement accompagné. Ils pourraient être cent, mille, que je serais seul... et heureux. Peu m'importe le regard de l'autre, car sur un terrain, il n'y a plus de place à la raison, seulement à la passion.

Je n'aime pas ce sport, il fait parti de moi. On ne peut pas me demander de choisir entre deux éléments dont il fait parti. Je me rends compte qu'il est bien plus important que tout ce qui m'entoure, que ce soit l'écriture ou toutes les choses que je peux faire pour me détendre. Ce sport me fait vivre car il me transporte dans ma bulle. Celle que seuls les passionnés peuvent comprendre. Cette bulle privée que personne n'entrave. Elle est fragile, mais je la défends corps et âme. Rentrer sur un terrain, c'est monter sur une scène pour certains, monter à cheval pour d'autres, écrire un poème, peindre un tableau, écouter de la musique, s'oublier devant un film... rentrer sur un terrain, c'est vivre en artiste, l'artiste de notre passion.

19 janvier 2008

Silence d'un retour

-Regarde maman, le monde tourne...
-Il ne s'arrêtra jamais de tourner...
-J'aimerais pourtant.

17 janvier 2008

L'océan postillonne !

C'est arrivé comme un postillon sur ma joue. "Il faut déjà avoir aimé au moins une fois." Elle me l'a dit. Je ne pensais pas qu'elle oserait. Pourtant.

Dans ses paroles, il y a du vrai comme du faux. J'ai déjà Aimer. Oui.
Aujourd'hui, c'est bien plus ambiguë. Peut-être à cause des murets qu'on se construit pour se croire à l'abri. Peut-être ces digues qu'on bâtit en espérant que les vagues ne passeront pas au-dessus. Je reçois des goûtes de cet océan. J'observe le vent et me demande d'où cela vient. Quelquefois, je perçois la brume avant qu'elle n'aille se glisser dans mon oeil. Mais pas la vague.

Personne ne la provoque assez. Peut-être pas encore. Mais il suffit pourtant de créer un ras de marée, pas si marée que ça. Il faut me provoquer des transports.

Avant, mes défenses étaient inexistantes. Un oui, un non me faisaient chavirer. Aujourd'hui, je suis toujours aussi inoffensif. Sauf que ce sont des barrières volontaires. Pourquoi vous attirent-elles ?

Aujourd'hui, la mer est agitée. L'océan s'ébranle. Le vent se lève. J'ai froid.

15 janvier 2008

Transporté

"Ce n'est pas vous qui êtes amputé, en fait, c'est la vie."
Vincent Delecroix - La chaussure sur le toit



Je suspens ma lecture sous le flot impétueux des mots qui me traversent. Ce livre est un transport. De nouvelles, il en fait un livre, Vincent Delecroix me fait rêver de sa chaussure sur le toit.
Je ne peux m'empêcher de la voir me narguer. Perchée. Tous l'ont jeté, je la contemple. Aussi.

Ces mots, ces lignes, ce livre me serre les viscères. J'ai le ventre retourné. Je me sens aussi bien qu'après la découvert de ce coeur d'artichaut, de Cavanna.

Un paragraphe d'entre deux lignes, je ne peux me résigner à écrire davantage, tellement je sens ces lignes perdues dans un océan de mots, de sensations que je n'ose pas appréhender. Pour le moment, je vis ce transport. Demain. On verra.

Je me sens enfant, enfanté d'une nouvelle dimension.

14 janvier 2008

Enfin temps

"Sam reste des heures à contempler le cœur rouge et les lettres bleues qui dansent devant ses yeux et l’hypnotisent. Des heures sans bouger. Pendant qu’Hortense, à ses côtés, d’avant en arrière continuellement se balance. À chacun de ses mouvements, elle voit tantôt le cœur se rapprocher et grossir, tantôt s’éloigner et rétrécir".

Marie Zimmer - A double tranchant


Il est temps. Et pourtant, ce temps n’est pas autant temps que ce tant que j’aimerai tenter. Écrire. Pour dire ce que l’on ne prononce pas. Prononcer dénature et pourtant charge de sens. Ici, tout le monde dit, et ne se rend pas toujours compte du comment, il est dit.

Alors que tout le monde s’enlise dans la liesse la plus scandaleuse, minuit a raisonné avec les cris de ses désirs. On ne rit pas pour oublier, on rit avec une bonne raison de le faire. On se retrouve tous pour s’aimer pour la nouvelle année, alors que la majorité ne s’aime déjà pas elle-même. Comment aimer les autres, si l’on ne s’aime pas ? Alors on crée le plâtre d’une faille sans faille.

Je vous hais dans toute cette amertume d’amour. Joie et liberté. Bonne année.

13 janvier 2008

Primauté à la prime

"Dans l'arrondi de leurs gestes, on voit qu'ils ont le sentiment d'avoir fait le bon choix"
Philippe Delerm - Enregistrements pirates



Quand j'observe et appréhende le monde de la littérature, je me rends compte que je ne veux pas être primé. Non. C'est bien trop valorisant, et des encens, on en devient cendre. A force de brûler, on se consume pour finir dans cette étrange fumé opaque, mais parfumée. Non. Je veux vivre, au fil de ma plume, parce que le fils, c'est bien trop humain.

Vouloir suivre les traces d'autres, c'est vivre son rêve par procuration. Alors, je souhaite vivre le mien. Celui de me retrouver un jour dans la bibliothèque d'une personne que je ne connaîtrais pas, et qui dira, d'un air malicieux : "tiens, lis ça, tu m'en diras des nouvelles".

J'aimerais n'être pas grand chose, et pourtant beaucoup. Seulement des mots qui touchent. Comme un écorché. De sensibilité.

Je ne veux pas être primé, mais discrètement apprécié.

Regarde le monde parterre, y'a des moutons de poussières

Tu sais ce que ça fait d'être en chaise roulante ? Assis, impuissant, innocent, inutile ? On a des représentations de soi dans chaque regard. Ça commence par : "le pauvre jeune !" Puis ça finit par : "putain, il fait chier avec sa chaise de merde !"
Toi, tu galères à passer dans les rayons tandis qu'eux ne te laissent pas passer en lâchant un pauvre "pardon". Ici, personne ne t'écoute, tu n'es pas synchronisé, et t'es handicapé. Puis, tu peux être sexy, mais sans jambes, c'est plus Georges que Clooney. Alors à quoi bon chercher, tu sers à rien dans ta chaise, la pitié fera son travail, nous, on a des gosses à faire bouffer.

On se rend compte de la connerie humaine... mais encore plus que d'habitude.

Le plus drôle, c'est quand je me lève pour regarder dans les bacs à vêtements...
Merde quoi ! Ce sont les soldes !

11 janvier 2008

Minute perdue

"Elles s'font tatouer, percer, elles s'épilent les poils, et maintenant elles vont dire qu'la sodomie ça fait mal".
MC circulaire - sodomie


"Je voudrais que ma plume glisse le long de ton corps. Qu'il le dessine autant qu'il le décrit. Être son nègre à tant de beauté, pouvoir souffler tant de légèreté. Soutenir les rondeurs, m'appliquer sur les courbes, érafler les droites. Je voudrais que ton corps soit ma plume, pour qu'aucune faiblesse ne transparaisse. Cette finesse interdite, cette couleur pureté. Tout est exquis. Parfait. Les rondeurs sont à leur place. Une composition florale aux multiples saveurs, savoir, ça voir. Tes yeux sont des amandes et leur couleur foncée, tes cheveux fins coulent entre mes mains leur blondeur noircie. Serait-ce des larmes ou ma sueur que je sens perler sur la blancheur nacrée de tes hanches sacrées ? Il semble que ce soit des larmes que tu as provoqué, lorsque toi, ma fille, tu es décédée."