14 avril 2009

Bilan

Ou est-ce que j’en suis ?

Faisons le bilan.

Je n’ai jamais souhaité être astronaute. Non. J’étais plutôt engagé dans la police. J’ai toujours voulu faire parti de l’élite de la gendarmerie : le GIGN. Aujourd’hui, je finis ma troisième année de licence en communication.

J’ai toujours souhaité être différent des autres. Unique. Je me voyais défiguré et porter un masque blanc sans expressions, les gens m’aimeraient pour ce qu’il y a dans la tête et ce mystère qui entoure mon identité. J’ai souhaité être musicien ou avoir des supers-pouvoirs, être un génie pour être détesté des foules, gymnaste de haut niveau ou jouer divinement d’un instrument. Aujourd’hui, je ne joue pas d’instrument, mais j’ai commencé à me muscler. Je n’ai pas de supers-pouvoirs ou ne porte pas les stigmates d’un grand accident. Je ne sors pas de la masse, je suis vous… avec mes spécificités. La seule chose que j’ai réussie est le paintball. Derrière un masque, je suis tout sauf la masse. Je suis vraiment moi. Celui qui a confiance en lui. Tout disparaît derrière ces lunettes. Je me tiens droit et fier. Comme dirait un australien qui travaille avec moi : « You got balls dude ». Ouais.

Les années collèges ont forgé ma solitude. Je n’existais pas. J’ai appris à l’aimer et à construire une bulle solide. Les filles n’étaient pas ma priorité, mais je ne cessais de les observer. Aujourd’hui, j’observe toujours. J’ai démultiplié ma bibliothèque d’émotions et vérifié plusieurs théories. J’ai cette aptitude à lire certaines personnes. A savoir comment me comporter quand la raison est présente. J’ai aussi à développer ma sensibilité. Trop parfois. Un jour, une de mes anciennes copines m’a dit : « pourquoi tu ne me dis rien ? Tes sentiments, quand ça te plaît ? Pourquoi rien ? ». Parce que je me protégeais. Aujourd’hui, j’ai enlevé ces barrières. Mais je dois les reconstruire... différemment.

J’ai toujours eu peur des règles et à m’y conformer. Ne pas sortir du moule de peur d’être remarqué. Je voulais être différent sans agir. Que quelque chose tombe. J’ai appris à fermer ma gueule et à dire oui. Peur des coups, peur des gens, peur de moi. Aujourd’hui, j’essaye de me battre contre moi-même. Avec des réussites et des grandes claques. Une faiblesse latente, une victimisation rapide et souvent agaçante pour mes proches autant que pour moi. Elle a gentiment développé une force sous-jacente de contrôle. Devenir une éminence grise pour être aimé, agir dans l’ombre pour être chouchouté. Manipuler pour devenir le centre. Aujourd’hui, j’en ai conscience.

Plus tard, j’ai appris à aimer, puis à haïr. J’ai aussi appris la passion. J’ai souffert, j’ai fait souffrir. J’ai gagné, j’ai perdu à tous les jeux. J’ai appris le sexe, j’ai appris l’abstinence. J’ai aussi appris à dire non, en ayant peur de la réponse. La vague des sentiments a souvent faussé mes comportements. Je n’assume pas mes coups de gueule car j’ai peur de déplaire. Aujourd’hui, j’apprends à dire non. Le regard des gens m’affecte moins.

Puis, j’ai grandi.

Aujourd’hui, je suis stagiaire dans une agence de pub. Hier, je vouvoyais mes fournisseurs, aujourd’hui je les tutoies et fais des blagues sur les stagiaires. Je souriais aux gens dans le métro, aujourd’hui je me fonds dans la foule pour ne pas être vu. J’ai arrêté de dire pardon quand je rentrais dans quelqu’un et je marche droit. J’ai toujours envie d’être différent sans pourtant agir à l’être. Le souhait d’être unique et parfait. Gommer mes défauts pour devenir une pâte à modeler. Je suis un caméléon socialement, mais une chique dans le couple. J’y travaille.

Un jour, une amie m’a dit : « pourquoi parles-tu constamment de ces filles dans tes nouvelles ? ». Au travers de leur regard, je me sens unique. Différent. Pourquoi s’escrimer à être différent pour le monde quand on l’est pour une personne ? Je ne joue pas le jeu de l’amour. Pourquoi vivre l’amour si c’est pour le vivre à moitié ?
Le paintball m’a également donné cette reconnaissance, mais à une autre échelle. Pas d’amour ici, seulement de la compétition. Être le meilleur sans écraser la concurrence, mais en l’aidant pour qu’elle s’améliore afin de m’améliorer à mon tour. Être quelqu’un quelque part. Savoir ce qu’on fait sans avoir de doutes. Agir, réagir, vivre comme un ange au milieu de la boue.
L’écriture ne m’a pas rendu cette image. C’est commun. Ecrire, c’est simplement poser des mots sur le papier. Tout le monde peut le faire, avec plus ou moins de facilité, de fluidité. C’est un travail. Il ne faut pas avoir peur des mots posés sur un papier. Ils vous racontent. Posez-les, rien que pour vous, vous vous y lirez.

D’où je vous écris, j’ai une vue sur la banlieue parisienne. Je m’habille comme tous les parisiens. Chemise, pull col en V, jean, montre, gel, chaussure discrète, manteau, sac. Il n’y a que ma gueule qui me démarque de la chemise Springfield, mes chaussures smoove, mon pantalon temps des cerises, ma montre Gucci, mon manteau Zara et mon pull Celio. Je suis vous.

J’ai découvert que la culture niçoise était une différence à part entière. Chez nous, nous avons des belles filles et des gens qui ne vivent que par l’ostentation. Nous choisissons nos amis pour leur physique ou leurs compétences. Chaque détail a son importance et sa particularité. La compétition est un art que nous pratiquons au quotidien. Paris, tout diffère.

Aujourd’hui, l’instant a des cheveux blonds et des yeux bleus. Aujourd’hui, j’ai déserté les regards. Je suis comme les autres. Et pourtant…
Jamais je ne le saurais.




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