27 juin 2007

Départ

Quand votre animal de compagnie meurt, y'a tout un relant d'amour qu'on avait conservé au fond de soi qui ressort. C'est typique. L'animal du voisin qui décède, on s'en fout, mais le notre ! Jamais ! Et comme il ne faut jamais dire jamais, au grand damn du métamodèle, ce jour est arrivé.

La route, fléau de nos compagnons à poils ou à plumes, a encore fait une victime. Nos vannes d'amour ouverte mais non consciente, réapparaisse comme des coups de fouet au niveau du coeur. On subit. On attend que cela passe dans des torrens de larmes completement inexpliqué. Au fond, ce n'est qu'un animal. Certains diront que c'est un membre de la famille, d'autres un poumon, d'autres leur amour. C'est un consentré de tout ça. Alors on le chouchoute entre câlins et cadeaux débiles car pour lui, c'est tous les jours noël. On l'ammène chez le véto, on joue, on aime au fond. En se l'avouant entre deux rires. Mais comme tout, dès qu'il nous quitte, résurgence oblige, on se morfond. Et on reconnaît beaucoup de chose à titre posthume. Comme si notre société ne détenait pas le fleuron de cette forme de reconnaissance. On ne se prépare jamais à voir notre animal mourrir. C'est bête, mais au fond, nous ne le voyons pas vieillir. Il n'a pas de rides, pas de paroles qui tremble, pas de maison de retraite, rare sont les symptômes. Alors on attend en disant : "s'il meurt, il mourra, ce n'est qu'un animal tout de même".

Et quand ça arrive, on a l'air con avec nos sanglots qu'on a toujours gardé au fond de notre gorge. On ne lui a jamais avoué. De toute manière, pas besoin de lui dire pour qu'il le ressente. Et puis quoi, ça ne parle pas ! Mais bon, le souvenir fait son boulot. Et pourquoi j'ai pas fait ci, et pourquoi j'ai pas fait ça... Syndrôme de la tristesse crétinisante. Mais c'est normal, et au fond, on aime ça. Alors on pleure comme des bébés en se morfondant sur la mort d'un Etre cher.

Mais le plus ridicule est de se retrouver dans une sale d'opération avec un chat comme premier conserné. Notre société a des déviances quelque peu déroutante quand on y repense. On est tous là, autour d'un animal, avec un Docteur, son Assistante, et nous, lui tenons la pâte dans les derniers moments de sa vie. C'est dans ces moments là qu'on se voit à la troisième personne, autour d'une table et comme perte cher, un animal. On vient de perdre autant que si on perdait son ami ou ses parents.

Certains l'enterreront avec une sépulture digne de recevoir l'enfant fétiche, en se conformant à un rituel chrétien débile. D'autres le verront incinéré, et une minorité le jettera aux ordures, comme un sac poubelle.

C'est difficile de se dire que demain sera un jour sans la léchouille du chat ou la merde du chien, mais on essaye de s'en persuader. On sait tout de même une chose, c'est qu'on a aimé.

Aucun commentaire: