02 octobre 2007

Carpe diem.

J'enfonce ma tête dans ma couette, peut-être que demain ne se lèvera pas. J'ai chaud ici. Je suis bien. Dehors, il fait froid, même les comportements.

Je jette un coup d'oeil à droite, puis à gauche. Personne. Ce n'était pas des sons que j'entendais, mais bien mon coeur. J'ai eu peur. Tant mieux. Cela prouve que je peux encore ressentir.

Mes pieds frottent l'un contre l'autre. Je suis bien. Je suis en sécurité ici. Mes draps sentent le neuf, mon pyjama aussi. Même moi, je suis neuf. Demain ne se lèvera pas, c'est sûr. J'arrive à arrêter le temps. Je ne fais pas que le courber, noooon, je le stoppe lorsque j'en ai envie. J'utilise ce pouvoir rarement, j'ai peur qu'on s'en rende compte un jour, que je ne suis pas comme les autres. Je n'ai pas que ce pouvoir, mais si je vous divulgue tout, je ne serais plus extraordinaire, je serais extra ordinaire. Comme vous. Vous savez, y'a du bon à être comme tout le monde, mais je vous mentirez si je disais que je vous envie. Alors je ne le dis pas. Vous êtes comme vous êtes, et je suis comme j'ai envie d'être. Mieux... ou pas. Je vais arrêter de vous embêter, j'ai un espace à contrôler !

Non, vous n'êtes pas privilégiés ! Non non non. Ce serait vous voiler la face ! Ils sont plusieurs à côté de vous. Je vous parle car j'ai confiance, en vous. Je sais que vous serez muet comme des carpes... Elle est bête cette expression. Muet comme une couille ? Muet comme un chat aphone ? Muet comme une bouteille d'eau ? Muet comme un peuplier ? Muet comme une carpe... c'est le mieux quand même. Bon, je sais que vous serez muet comme des carpes, et pas des cartes, vous auriez un rôle beaucoup trop important sinon. Et vous seriez hiérarchisés. Je ne peux me le permettre. Vous êtes tous là, au même niveau, à mes pieds, car je suis plus grand que vous. Ne rouspétez pas, ça ne sert à rien. Si je veux, je vous bloque en même tant que le temps ! Vous ne le voulez pas, hein ? Hein que vous ne le voulez pas ? Hmf, de toute manière, peut m'importe votre réaction, j'ai raison. Ce lit est mien, autant que la chaleur qui s'y exhale.

J'ai les cheveux court, trop court. Et en plus, ça me démange. Elle me les a coupé beaucoup trop court. Elle a dit : "c'est pour ton bien". Comptes y et bois de l'eau.

La fatigue m'empoigne. J'veux assister au non lever du soleil. J'veux voir tous ces gens partir travailler dans le néant du temps. J'veux voir tout se terminer. Je le verrais. Il faut que je tienne. C'est difficile, tout est lourd, et ce verre d'eau semble ricaner. Et vous aussi vous ricanez. Je le sais bien ! Je les vois ces sourires cachés sous vos barbes hirsutes ! Ricanez ricanez, 'verra bien qui ricanera le dernier. C'est pas vous qui avait les cheveux d'un G.I's. De toute manière, je suis protégé ici, c'est ce qu'Elle dit.
Vous ne la connaissez pas encore, mais elle est vraiment bien. Belle, gentille, attentionnée, câline, rieuse, souriante, désespérément triste, câline... Quoi ? Je l'ai déjà dit ? C'était pour voir si vous suiviez. Je l'aime. Même si aujourd'hui, elle avait les mêmes vêtements qu'hier.
J'ai pas osé lui dire. Vous vous rendez compte... quelle honte ! Alors j'ai gardé le silence, comme vous. Carpe... diem ! Elle est bien celle là ! Même si j'sais plus ce que ça veut dire. J'ai oublié. On en apprend tellement tous les jours, que tout retenir, c'est de la folie. Il parait que j'en sais beaucoup, et que ma culture est "supérieure à la moyenne, autant que votre QI, Monsieur". Ils disent ça pour me flatter. Mais je le savais bien avant... vous aviez oublié mes pouvoirs ? D'ailleurs...

Là, tout s'arrête. Le temps, son coeur, sa respiration, son silence. Un bruit. Des pas. Il halète. Demain ne se lèvera pas. Il l'a dit. C'est sûrement vrai.
Une infirmière rentre, Elle lui sourit. Caresse ses cheveux et lui dit que demain aura lieu son opération et qu'il faut dormir. Elle sort, lui s'enfonce dans sa couette en regardant ses nounours. C'est nul d'avoir six ans.

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